À voir : les folles nuits underground de La Station vues par le photographe Mickaël Hubert

Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Mickaël Hubert
Le 21.11.2019, à 15h23
04 MIN LI-
RE
©Mickaël Hubert
Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Mickaël Hubert
0 Partages
Le 8 novembre dernier, le photographe Mickaël Hubert s’emparait du compte Instagram de Trax Magazine pour un takeover en direct de la soirée Subtyl qui se déroulait à La Station – Gare des mines à Paris. Cet autodidacte passionné et spécialisé dans le report de concerts revient sur cette expérience qui l’a conduit, pour la première fois, à porter son regard photographique sur l’effervescence d’une soirée underground.

Votre domaine de prédilection est la photographie de concerts. Qu’est-ce qui vous attire dans cet exercice en tant que photographe ?

J’aime la musique autant que la photographie, c’était donc un mélange parfait pour moi qui baigne dans ce milieu depuis des années. J’ai trouvé ma voie dans ce métier qui me permet de voir des artistes que j’aime, d’en découvrir de nouveaux, d’être au plus proche des activités du monde de la musique.

D’un point de vue technique, comment abordez-vous cet exercice par rapport aux autres styles de photos que vous pratiquez (e-sport, extérieur, etc.) ?

C’est très spécial, parce que je ne prends aucun plaisir à aller en concert. Quand j’arrive dans une salle, je me conditionne au fait que je suis là pour travailler. Je n’écoute plus la musique. Je ne saurais pas bien expliquer comment je m’y prends techniquement, je suis très instinctif. J’aime les plans assez serrés sur les artistes en général. Quand il y a de la scénographie, j’essaie de plus en plus de l’intégrer.

01
©Mickaël Hubert

Sur votre site Internet, on peut voir vos photos de Dour Festival, du Printemps de Bourges ou du Lollapalooza. Est-ce que vous photographiez aussi des événements plus alternatifs ?

Adolescent je fréquentais beaucoup le milieu underground. J’ai arrêté il y a deux ans à cause de gros soucis de santé. C’était la première fois que j’y retournais depuis fin 2017. La photographie était l’occasion pour moi de retrouver un milieu qui m’a toujours plu, où je me suis toujours senti à ma place.

L’exercice de photographie vous a-t-il paru différent ?

J’ai l’habitude de travailler avec des artistes vers qui tous les regards sont tournés, ceux du public, mais aussi les projecteurs. Donc même si je le regarde énormément, je ne prends pas souvent en photo le public d’un concert classique, où tout le monde a les yeux rivés sur l’artiste pendant 1h30. À une soirée comme à la Station, les gens ne paient pas 40€ pour voir l’ARTISTE et dépendre de lui. On peut venir pour apprécier la musique, ou telle performance d’un artiste, mais on vient surtout pour passer un bon moment, pour se sentir en osmose. La foule ne réagit pas de la même façon, les gens passent plus de temps à se regarder, à se rencontrer, à parler entre eux. Alors, prendre en photo les personnes de la foule devient aussi plus amusant.

01
©Mickaël Hubert

La foule devient un sujet plus photogénique ?

Pour moi, dans ce milieu, il y a un rapprochement entre l’artiste et le public. Tout le monde échange, il y a moins de hiérarchie, et plus de liberté. Dans un concert, il y a des barrières qui nous séparent, de la sécurité partout, l’artiste est surélevé, et même quand il s’adresse au public, il y a toujours une distance… Dans ce genre de soirée, c’est comme si un ami venait chez moi et s’occupait de mettre la musique : c’est lui qui a dans les mains l’objet qui contrôle la musique, mais on est vraiment ensemble. Chacun va là où il a envie, sort fumer une clope, revient à l’intérieur, prend un verre au bar, va danser, rencontre des gens. J’ai pris autant en photo les artistes que les personnes du public. Plusieurs fois dans la soirée les gens sont venus danser sur scène à côté des artistes. Au final, j’ai eu plus l’impression de prendre en photo un grand groupe de potes qui venaient juste profiter. C’est vraiment une atmosphère différente. 

Une atmosphère qui varie aussi en fonction des lieux. Pour ce takeover, comment avez-vous envisagé la Station ?

Je ne connaissais pas du tout la Station avant la soirée. Mais c’est marrant, cet été j’ai passé toute une nuit à faire de la LIME vers Aubervilliers et j’étais passé à plusieurs reprises devant la Station. J’avais repéré le bâtiment même si je ne savais pas ce que c’était. Le jour du takeover, j’ai voulu aller sur les lieux en avance pour faire du repérage. J’y suis allé dès 16h pour prendre des photos, et en arrivant devant j’ai reconnu le bâtiment. Comme je l’avais déjà observé, je savais exactement ce que je voulais prendre en photo. Une fois arrivé à l’intérieur, je me suis laissé surprendre. C’est vraiment un endroit agréable, pas du tout agressif. Pourtant, quand on regarde mes photos, j’ai utilisé un noir et blanc très dur, avec énormément de contraste. Cette image de dureté colle bien à ce milieu, mais une fois qu’on rentre dedans, c’est un canapé moelleux où on se sent bien.

01
©Mickaël Hubert

Bien sûr, comme pour le public de ces soirées, c’est un regard qui varie selon qu’on se sent bien ou non dans ce milieu. Je ramène ça à la photo de rue. Il y a des millions de gens qui se baladent tous les jours dans les rues, mais combien voient ce qu’on peut faire avec la rue ? Tout le monde n’a pas l’œil pour remarquer que tout autour de soi, tout et tout le monde, peut être pris en photo.

Le takeover de Mickaël Hubert est à retrouver sur la page Instragram de Trax.

0 Partages

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant