À voir : la nouvelle websérie d’Arte TV questionne avec humour la place de l’artiste dans la société

Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Arte TV
Le 12.11.2019, à 16h41
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©Arte TV
Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Arte TV
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Le duo Gangpol & Mit présente une nouvelle création hybride, la série animée Globozone, produite par le studio Umanimation et disponible depuis aujourd’hui sur Arte TV. Dans cet univers futuriste et légèrement dystopique, deux working class heroes tentent de rompre la monotonie de leur quotidien par le bidouillage sonore et la création musicale. Sylvain Quément, alias Gangpol, nous en dit plus.

Actif depuis 2001, le duo Gangpol & Mit, rencontre d’un musicien et d’un graphiste, s’est fait connaître à ses débuts par des lives audiovisuels colorés et ludiques, à une époque où la pratique n’en n’était encore qu’à ses balbutiements. Leur nouvelle production, Globozone, dont les dix premiers sont disponibles depuis aujourd’hui sur Arte TV, représente une nouvelle étape dans leurs travaux, comme le raconte Gangpol : « Après presque 20 ans de pratique à faire de l’animation, du live AV, du mobilier interactif, des installations multimédias, on a eu l’envie de retravailler l’animation, mais sur des circuits plus classiques. On a lancé le projet Globozone avec la boîte de production Umanimation, basée à Bordeaux et dirigée par Aymeric Castaing ».

Le rendu est une création hybride, un univers fictionnel comique se déployant selon une perspective isométrique, en vue 3D du dessus façon Habbo ou Sims. C’est donc dans une esthétique proche du jeu vidéo que prend vie le monde de Globozone, qui a la particularité d’être clos sur lui-même : « la série se déroule dans un dédale de couloirs. C’est une espèce de bâtiment géant dans lequel on ne voit jamais l’extérieur, jamais de fenêtres, pas de nature environnante. Cet espace fermé fait écho à ces formes de non-lieu qu’on retrouve partout maintenant, avec une esthétique d’aéroport, ou d’appart-hôtel indifférencié quel que soit le pays ». Cet univer fictif constitue également une projection anticipatrice de ce vers quoi se dirige le monde actuel : l’automatisation croissante, le transhumanisme technologique, ou encore la systématisation des drones, y compris à des fins de sécurité, etc.

Une autre particularité de Globozone est l’absence de paroles dans un monde qui pullule pourtant de son, voire de musique. « La série est fondée sur la narration et le comique de situation, à la Jacques Tati, Mister Bean. On est un duo qui travaille le rapport de l’image et du son sous toutes ses formes. C’était assez naturel pour nous que la série qu’on souhaitait faire, qui est l’aboutissement de nos bientôt 20 ans de savoir-faire porte sur cette question du rapport image et son : c’est vraiment ce que font les personnages en tant qu’activité sonore ou musicale qui crée la narration ».

Les deux personnages principaux, Abdul et Al, sont en effet habités par une passion pour la musique qui les conduit à détourner les objets du quotidien pour rompre sa monotonie. « On a deux personnages englués dans un univers doucement hostile. Ils essaient de se démarquer par leur passion, et en même temps, on voit dans pas mal d’épisodes que ce n’est jamais évident et qu’ils n’arrivent pas forcément à leurs fins. On ne voulait pas non plus faire de la musique ou de la discipline artistique un absolu qui règle tous les problèmes ou qui soit au-dessus d’autres activités ». Cette représentation de working class heroes à l’esprit créatif permet d’interroger la place de l’artiste dans nos sociétés modernes. « Dans un univers aussi compliqué qu’aujourd’hui, politiquement, socialement, il y a toujours une impression de vanité liée à la pratique artistique ».

Gangpol ouvre ainsi la voie à une éventuelle suite de la série : « L’univers est vaste et riche. Techniquement, tout est modélisé sur Unity, le travail préparatoire est fait, ce serait dommage d’en rester à dix épisodes. Scénaristiquement, il y a plein de développements possibles. J’espère qu’on va embrayer sur la saison 2, en fonction des retours ».

Les dix premiers épisodes de Globozone sont disponibles gratuitement sur Arte TV.

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