Cet article a initialement été publié en mai 2017 dans Trax n° 202, disponible sur le store en ligne.
Par Noemie Vermoesen
Alex Solman a commencé à dessiner les flyers du club de Hambourg en 2004, initiant une relation qui deviendra bientôt mythique. « Ça n’aurait jamais fonctionné dans un autre contexte. Le Pudel et moi-même fonctionnons en symbiose ! », affirme l’Allemand. Dans les quelques brefs textes qui agrémentent l’ouvrage, certains musiciens, comme Blawan, confessent avoir été aussi impatients à l’idée de jouer dans le fameux club que de se faire tirer le portrait par son habile graphiste. Call Super rend d’ailleurs hommage à l’artiste avec un court texte poétique reproduit dans le livre. S’il est le chouchou des DJ’s et producteurs, la fascination est réciproque puisque Solman est un grand passionné de musique. « Il est plus difficile pour moi de dessiner des artistes dont je suis fan. Je ne suis jamais satisfait. Absolument jamais. »
Alex Solman a trouvé sa signature après plusieurs années de perfectionnement. « Mes dessins, d’abord très détaillés, ont progressivement été réduits à quelques traits. Vers 2010, le style évolua vers des formes abstraites et des déconstructions géométriques de visages. Auparavant, j’avais essayé de faire ce genre de caricatures mais ça ne fonctionnait pas. Il a fallu que j’étudie le visage humain avant de pouvoir le découdre. »
« Aujourd’hui, faire un portrait ne me pose plus problème. Mais trouver une idée originale et drôle demande pas mal de travail. Parfois, je regarde quelques photos. Le fait d’avoir dessiné un musicien à plusieurs reprises ne signifie pas qu’il ou elle ressemble toujours à la même chose. Peut-être qu’il porte des lunettes ou a changé de coupe de cheveux. Si besoin, je fais quelques recherches sur l’artiste mais pas trop. En fonction de sa musique, je l’écoute parfois en esquissant. »
Le travail d’Alex Solman ne fascine pas seulement pour son appropriation si personnelle du club mais aussi par sa façon de comprendre son objet aussi simplement et profondément. Sa réputation lui a valu de collaborer avec Fact Magazine (pour les visuels de leurs podcasts hebdomadaires), Demdike Stare ou encore Helena Hauff (dont le Golden Pudel est aussi la maison). Ces travaux sont réunis dans le livre aux côtés des flyers. Bien plus que les archives d’un club légendaire ou la leçon d’un artiste talentueux, Die Welt Ist Ein Pudel est une surprenante ode aux relations passionnées entre les arts visuels, la musique et les mots.
Die Welt Ist Ein Pudel est disponible sur monkey town records.