À Toulouse, la musique électronique troque les clubs pour la banlieue et les musées

Écrit par Éléonore Reyes
Photo de couverture : ©Louis Derigon
Le 06.09.2017, à 13h49
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©Louis Derigon
Écrit par Éléonore Reyes
Photo de couverture : ©Louis Derigon
Du 8 au 16 septembre, l’Electro Alternativ fera vibrer Toulouse sur trois temps (live, concerts et extras) durant lesquels la culture digitale et la musique électronique s’inviteront dans les lieux phares de la Ville rose. De quoi contrebalancer le déclin de la scène techno que semble laisser entrevoir la fermeture récente de certaines salles et clubs. 

Ces dernières années, Toulouse a assisté à la disparition plusieurs adresses incontournables du clubbing. Le grand complexe de l’Inox, a fermé ses portes en février dernier après plus de 10 ans d’existence, peu après que la salle de la Dynamo ne soit reconvertie en bar à bières. De quoi laisser planer un doute sur l’avenir du milieu électronique dans la ville. Le festival Electro Alternativ, avec ses 13 ans d’existence, n’a pour sa part pas attendu ce resserrement de la scène, cramponnée (et excentrée) à la salle du Bikini à Ramonville-Saint-Agne, pour explorer d’autres espaces, avec cette volonté d’ouvrir la culture électronique à des publics et à des lieux qui lui étaient originairement étrangers. À l’occasion de la prochaine édition du festival, nous nous sommes entretenus avec Olivier, membre de l’association Reg@rts à l’origine d’Electro Alternativ, pour prendre le pouls de la techno à Toulouse.

 

Comment est né ce festival et quel était son projet initial ?

Le festival Electro Alternativ est né en 2005 à la suite de l’amendement Mariani qui s’opposait aux free parties et préconisait la saisie des sound-systems pour les empêcher de diffuser du son. L’événement s’est ainsi mis en place en faisant le constat que les free parties étaient vouées à disparaître. Le mouvement techno de l’époque, par exemple, était repris par les boîtes de nuit et nous avons souhaité de notre côté l’intégrer à la culture à part entière, pour le faire connaître. L’idée est donc venue de monter un festival pour mettre en valeur légalement cette musique tout en l’amenant au sein du milieu culturel toulousain. Ça, c’était en 2005, et c’était le tout début du festival qui s’est ensuite déroulé pendant 4 ans en extérieur, sous chapiteau. Par la suite, l’événement a été accueilli par le Bikini mais depuis, le festival n’a eu qu’une envie : celle de reprendre place en ville.

Pourquoi l’Electro Alternativ a-t-il souhaité s’insérer dans la ville, et dans des lieux hétérogènes, comme cette année le musée des Abattoirs ?

On souhaitait proposer une multitude d’actions sur des lieux atypiques ou dans des endroits où les gens n’attendent pas ce genre de manifestations, comme des centres culturels, des centres d’art contemporain. Tout en conservant une partie club ou concert sur des salles comme le Bikini, le Métronome, le Phare, etc. Le but était de décloisonner les publics et d’ouvrir ce milieu à des personnes qui ne seraient peut-être pas amenées à connaître cette culture, par le biais d’actions qui vont se dérouler en journée en alliant concerts, live et performances, conférences, etc. Pour l’édition de cette année, par exemple, on sera pendant deux jours au Quai des savoirs qui est un lieu institutionnel. C’est ce type d’événements qui nous amène vers d’autres personnes et qui dépasse la question des styles et des genres.

Concernant les lieux dédiés à la scène électronique, y a-t-il eu des transformations notables avec la fermeture de la Dynamo et de l’Inox ? Un déclin ?

Ça dépend. Certes, des lieux ont fermé mais d’autres comme le Bikini, avec lequel on travaille depuis 2009 et dont la programmation électronique n’a fait que gagner en renommée, ont une place conséquente en tant que lieu de diffusion. De ce point de vue, non, la proposition en musique électronique ne décroît pas du tout et elle a même augmenté notamment dans des lieux qui, au départ, accueillaient des concerts plutôt orientés rock. D’autres endroits comme des bars ou des clubs ont ouvert également. Bien sûr, depuis 10 ans, de nombreux clubs se sont éteints mais d’autres rouvrent à leur place : c’est une dynamique de renouvellement constant.

Est-ce qu’il n’y a pas quand même une grosse concentration autour du Bikini, qui reste l’une des seules salles ouvertes aux horaires d’un club ?

Oui, c’est vrai que l’on retrouve pas mal d’événements au Bikini, mais ce qui se développe énormément aujourd’hui, ce sont des événements sur des lieux insolites et à l’extérieur de Toulouse, où l’on est sur des horaires d’exploitation différents. Des événements qui cherchent d’autres publics et qui restent dans un cadre légal. Depuis quelques années, la ville connaît une problématique d’exploitation en extérieur, beaucoup de lieux ne sont pas appropriés ou difficilement adaptables à de grands projets qui durent jusque tard dans la nuit. Je pense au problème du niveau d’émission sonore avec des associations de riverains, etc. Des choses courantes mais qui bloquent de nombreux projets.

À l’origine du festival il y a l’association Reg@rts, pouvez-vous nous la présenter ?

Reg@rts est une structure qui existe depuis 16 ans et qui est désormais organisatrice du festival Electro Alternativ mais qui programme aussi annuellement une saison essentiellement basée au Bikini. Ça représente une trentaine de dates à l’année avec également des concerts de métal, hip-hop ou autre, pour lesquels on travaille avec de plus petites salles comme le Rex, le Connexion ou le Metronum. Plus récemment, l’association s’est lancée dans la production, notamment du dernier album de RP3 & Yak qui sera en opening du festival.

Toutes les informations sur le festival sont à retrouver sur le site web d’Electro Alternativ.

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