En 1992, le public de la première Rave ô trans foulait déjà le sol du Liberté. La soirée finale des Transmusicales se déroulait dans cette grande salle située en plein centre de Rennes, sur l’esplanade Charles de Gaulle. Le festival commence alors à s’ouvrir aux cultures électroniques en important ce concept tout droit venu d’Angleterre où des milliers de jeunes dansent aux rythmes de la musique distillée par des DJ’s : la rave !
25 ans plus tard, le collectif et festival I’m from Rennes investit à nouveau cette place centrale de la culture rennaise pour sa soirée Comètes. Cette fois, la programmation est imaginée avec les crews locaux. “L’idée est de mettre en avant les collectifs qui se bougent sur toute l’année. Nous avons d’abord pris contact avec Chevreuil et Vielspass qui nous ont rapidement aiguillés vers Midi Deux, la Tangente et ÖND”, explique Ced Bouchu, programmateur d’Im from Rennes.
Programmée le même week-end que d’autres évènements électroniques majeurs, la soirée Comètes a réussi à joindre les deux bouts. “Sur ce coup, I’m from Rennes a posé ses couilles : ils ont vu grand en proposant une prog 100 % techno rennaise au Liberté le même soir que le Scopitone à Nantes et qu’une soirée au 1988 Live Club”, lâche, sans concession, Romain Trochet de Chevreuil. À l’arrivée, les chiffres prouvent que le collectif de collectifs a eu le nez creux, même si le pari s’avérait risqué quelques semaines avant le jour J : “Nous comptabilisons 1 500 entrées pour une capacité de 2 500 ! Nous sommes très heureux, même si nous étions loin de faire sold out”, reprend Ced Bouchu. Il faut dire que le billet d’entrée s’élevait à 23 €, un réel investissement pour le jeune public. “C’est un argument que je comprends tout à fait, mais c’était le prix minimum compte tenu de l’infrastructure audiovisuelle mise en place et là on retombe tout juste sur nos pieds”, assume le programmateur d’I’m from Rennes.
English spirit
Depuis six ans, le festival fait la part belle aux artistes rennais en tout genre ! Même si I’m from Rennes a débuté avec une direction artistique davantage tournée vers le rock, ils organisaient, cette année, leur quatrième évènement électronique. “On ne se ferme à rien : autant pour les genres que pour les groupes”, affirme Ced. Un concept fort bien reçu par le public breton : “Pour avoir ouvert la soirée, j’ai remarqué que les gens n’ont pas traîné à s’ambiancer. Au bout d’une heure la salle était remplie à 80 %”, assure Françoijak du label Vielspass. Calcuta, qui assurait le closing, partage le même avis : “Il y avait de bons danseurs, c’était chanmé ! C’était aussi très hétérogène, des plus jeunes aux vieux rockeurs qui venaient faire les curieux, s’exalte le DJ de Midi Deux. Le public rennais a beau se renouveler chaque année avec les nouveaux étudiants, il reste autant déterminé.”
“On retrouve la même chose auprès des associations, des bars, des collectifs, des soirées, etc. Ce renouvèlement existe à Rennes depuis des années. On retrouve cette culture anglaise dans la manière de faire la fête dans cette ville. C’est sûrement lié à la proximité des cotes des deux pays”, s’amuse Ced Bouchu.
Unity makes strength
Après un premier contact avec Chevreuil, les autres collectifs se sont rapidement greffés à l’organisation de cette soirée particulière. La Tangente, ÖND, Midi Deux et le label Vielpass ont mis la main à la patte pour mettre en place cette pluie de Comètes. “Nous nous occupons de provoquer les rencontres. Ensuite ils ont géré toute la mise en place avec les équipes du Liberté”, confie le programmateur du festival. “À la scénographie, on retrouve Sarah Stefani de Chevreuil à l’intérieur, Sarah Berthet-Nivon et Marion Lépée de ÖND pour l’open air ! Leur boulot est à souligner. Sans compter que la scène du Liberté culminait à sept mètres de haut”, relève Romain Trochet.
Côté programmation, chaque crew a envoyé ses DJs au charbon pour ambiancer les foules. Pour se faire, nul besoin de les pousser : “Le projet de jouer sur l’esplanade Charles de Gaulle et au Liberté nous a rapidement séduit, confie Vanadís de ÖND. C’était d’ailleurs symbolique pour moi, puisque j’habitais dans ce quartier auparavant et que mes voisins étaient carrément relous avec les nuisances sonores.”
Pour épauler, les artistes du coin, un ancien de la capitale bretonne a fait sa réapparition. “On s’était pas vus depuis 22 ans. En 1995, c’était déjà un bon DJ, ensuite il est parti vivre à Tokyo, puis à New York, décrit Françoijak en faisant référence à Alex from Tokyo. L’idée de le capter m’est venue lorsque l’on s’est posés avec toute l’équipe pour imaginer la soirée. Je me suis dit : pourquoi ne pas inviter une tête d’affiche, originaire de Rennes ? Et encore j’avais le choix. Pour ne citer qu’eux : Arnaud Le Texier et DJ Steaw sont désormais très connus.” À qui le tour pour la prochaine ?