À Reims, 12 000 personnes ont rejoint l’intense fusion rock et électro en plein air du Magnifique Society Festival

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Fred Laures
Le 29.05.2017, à 12h55
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©Fred Laures
Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©Fred Laures
Elektricity est mort ! Vive La Magnifique Society ! Après treize éditions, le festival rémois Elektricity a laissé place à un nouvel événement baptisé La Magnifique Society. Quand on arrive dans la capitale champenoise, le Parc de Champagne bruisse encore des concerts de la veille. Air a conquis les étoiles avec sa pop planante délicatement électronique. Les plus anciens dans le public, compagnons de route depuis vingt ans du duo versaillais, ont été subjugués. Les plus jeunes se sont rués vers les prestations électro conquérantes de Moderat et Trentemøller.

Par Olivier Pernot

Sur place pour le deuxième jour, on découvre un site… magnifique ! Le parc verdoyant est tamisé d’ombre par endroits sous de grands arbres. Le soleil balaie les immenses prairies parsemées de petites pâquerettes blanches. Dans ce théâtre naturel, trois scènes vont accueillir les festivités. Dès l’après-midi, les Rémois de Black Bones investissent la scène principale. Emmenée par Anthonin Ternant, ancien Bewitched Hands, la formation dispense une pop rock arty et excentrique appréciable. Pour cette première de La Magnifique Society, les têtes d’affiche de la ville – Yuksek, Brodinski ou The Shoes – sont cruellement absentes de l’affiche. S’ensuit un petit creux au niveau sensations sonores, avec la pop molle de Requin Chagrin et celle insipide de Paradis. Comme un pastiche de la variété hors d’âge de Souchon et Voulzy…


Cela laisse le temps d’aller rendre visite à Fred Gien et à sa bande de geeks qui animent l’espace Tokyo Space Odd avec leurs bornes d’arcade vintage et un studio in situ où on peut s’initier aux boîtes à rythmes et aux synthés. À l’entrée de l’espace, une petite scène verra défiler dans la soirée des groupes japonais à l’univers bariolé et baroque, souvent inspirés par les jeux vidéo.

Après quelques parties de Pacman, de Mario et des courses de voitures, on file retrouver la grande scène où débarque Gregory Porter avec son orchestre jazz. La jeune génération électro le connaît : il a été remixé par Claptone ou St Germain et a fait un morceau en collaboration avec Disclosure. L’Américain donne un concert étincelant, avec des musiciens brillants et inspirés. Le parfait show pour faire décoller le début de soirée, alors que le soleil se couche lentement.

Dans la nuit rémoise, les décibels vont résonner fort. Ceux de Jacques d’abord, qui joue à tordre la dance music avec son studio sur scène. Il sort divers instruments et babioles sonores et réalise des boucles captivantes. Sa prestation est foutraque et sympathique. La soirée monte d’un cran avec la pop euphorisante jouée par les gamins australiens de Parcels. Puis avec Boys Noize qui réalise un melting-pot brassant les pulsations électroniques les plus puissantes et les plus rapides : entre electro 2.0, hardtechno, indus, hardcore et big beat. À la limite du mauvais goût parfois (l’EDM n’est pas loin) mais ça passe ! Dans ce maelstrom sonore surnagent des citations à Daft Punk et The Chemical Brothers.

Boys Noize © C.Caron


Le duo anglais Sleaford Mods est aussi intrigant que séduisant. Un grand dégingandé, une canette à la main, ondule légèrement et répète, sans micro, les paroles du chanteur/slammeur. Il envoie les sons, entre électro minimaliste et post-punk, en appuyant sur la touche « play » d’un laptop posé sur un empilage de trois caisses de bières. L’autre, le chanteur, sillonne la scène, micro à la main. Son phrasé typiquement british et prolétaire domine les intrus et sa présence est réellement magnétique.

Alors que le noir de la nuit a inondé le parc, Thee Oh Sees monte sur une des petites scènes. Il s’agit là d’un des meilleurs live rock du moment : deux batteries devant la scène, côte à côte, et deux marteleurs de fûts impressionnants de précision et de simultanéité. À leur droite, un bassiste assez discret, et à gauche, John Dwyer, le chef des Thee Oh Sees. Avec sa guitare collée au corps avec une courte bandoulière, il donne l’impression qu’il porte une mitraillette et il se sert d’ailleurs de son instrument pour arroser la scène, ses amplis, ses musiciens, le ciel ou l’assistance, faisant gicler de ses cordes un tonnerre de sons distordus.

Pendant ce temps, sur la grande scène, Vitalic a lancé son ODC live. Ce show porte bien son nom tant le Dijonnais invite à plonger dans une odyssée de couleurs et de sonorités synthétiques vintage. L’infrastructure est impressionnante : des grands losanges motorisés qui s’emboîtent et volent dans l’espace scénique. Ils s’illuminent de mille lumières. Devant cette structure, Vitalic pilote ses machines et conclut la soirée dans un déluge électro fédérateur.

Vitalic © Darkroom

Le dernier jour, sans nous, verra le Parc de champagne retomber en intensité, avec des sonorités entre jazz (Jamie Cullum), chanson pop (Camille, Fishbach, Lescop, Juliette Armanet) et électro soft (Thylacine, Møme). Pour une première édition, l’événement a rameuté 12 000 personnes ; un bilan plus qu’encourageant pour les années à venir.

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