À Paris, les étincelantes soirées Discoquette marient drag show et house en toute mixité

Écrit par Kenza Naaimi
Photo de couverture : ©Silvère Koulouris
Le 28.06.2018, à 20h02
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©Silvère Koulouris
Écrit par Kenza Naaimi
Photo de couverture : ©Silvère Koulouris
A l’occasion de la Marche des Fiertés, le collectif Discoquette envahit la place Pigalle dans le 9e arrondissement de Paris le 30 juin prochain, pour une nuit qui associe pop, disco, house et drag show – une édition Pride, pour revendiquer une certaine idée de la fête. Xavier, fondateur et directeur artistique du groupe, en tire le portrait pour Trax.


Nuit chaude, sombre et éblouissante à la fois. Boules disco et crop-tops en sequin. Madonna et Session Victim qui résonnent en fond. Il fait chaud. Cocktails à l’aloe vera circulent de mains en mains. Un des messieurs présents a imbibé sa barbe et ses sourcils de paillettes, les drags peaufinent leur maquillage avant le grand show. Pas de doute, c’est une soirée Discoquette. Née des cendres d’une soirée La PARA que Xavier organisait d’abord seul, c’est grâce à l’aide de quelques un.e de ces ami.e.s que Discoquette a vu le jour, par la volonté d’organiser des événements plus officiels, voire impactants. Xavier, qui s’occupe essentiellement du booking des DJ’s et de la promotion du collectif, s’est entouré de personnes compétentes – chacune dans un domaine bien particulier. Au nombre de sept, c’est à la fin d’une longue discussion qu’iels finissent par lancer et créer l’histoire, en octobre 2017, de la première soirée Discoquette.

discoquette

Chacun.e occupe une place et possède un domaine de prédilection plus ou moins important, mais tout de même essentiel pour le bon fonctionnement du projet : communication, graphisme, spectacles et performances sont proposés par Gloria GayPierre, Clémence Trü et Victoria Lachose (qui s’adonne souvent aux platines). Sans oublier le tatoueur. Du beau monde, même si selon le directeur artistique, « ça devient compliqué quand il s’agit de prendre des décisions ». En tout cas, aucune divergence d’opinion ne s’est faite sentir quant au but revendiqué : un esprit de la fête libre et ouvert.

« Il y a une certaine envie de revenir à la source de la fête. J’ai une affection particulière pour l’esprit des vieux clubs comme le Studio 54 ou le Palace. Je trouve ça génial de redorer le blason du club où ce qui était primordial dans ces soirées, c’était l’ambiance, l’accueil, la mixité, qu’elle soit sexuelle, raciale ou ce que tu veux. On a réussi à créer un public qui est là pour ces mêmes raisons : faire la fête ensemble et profiter. » Une sorte de psychologie de comptoir selon Xavier, mais qui prône une certaine simplicité et un naturel qu’il tenait à retrouver, lui qui pensait l’avoir perdu à jamais depuis ses premières soirées au Queen.  

Faire accepter l’idée, ça n’aura pas été si simple dès le début. « Les gens me disaient que j’étais complètement à côté de la plaque, que c’était de la techno qu’il fallait faire, dans des lieux improbables et en dehors de Paris. » Avec son équipe, iels réussissent à proposer quelque chose de différents des habituelles warehouses où foule et chaleur peuvent provoquer une atmosphère parfois oppressante.

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En plus d’organiser des soirées où la nuit ne s’arrête pas, le collectif Discoquette ne s’arrête pas là, et propose de temps en temps un format encore plus convivial : les tombolas, également prétexte pour se retrouver hors soirée dans un bar et récolter quelques fonds. Un format différent, mais toujours régi par les mêmes règles et valeurs de mixité : « Je comprends le besoin de communauté, mais je ne veux pas tomber dans le sectarisme avec la Discoquette. Parce que je trouve que ça ne sert à rien de renvoyer la souffrance vécue par certains sur d’autres. Mais il se trouve qu’il y a encore des moments où ça ne se passe pas comme prévu. Ça prouve qu’on a raison de continuer dans cet élan de mixité, parce qu’il y a une vrai volonté d’éducation de Discoquette et parce qu’on démarche beaucoup de lieux qui ne sont pas forcément LGBT+. C’est presque un devoir de présenter ce qu’est notre fête qu’on s’impose, et inviter à la découvrir, peu  importe ce que l’on est ou que l’on ait envie d’être. Tout simplement. » Un engagement à la fois artistique mais bien souvent politique, mine de rien. Dans une interview pour Heeboo, Victoria Lachose raconte comment elle souhaite imposer, par l’humour et la performance, la beauté d’une telle communauté.

Généralement, il n’y a aucun problème. Une fois, le groupe doit changer de lieu quelques jours avant leur événement et se retrouve dans une auberge de jeunesse où, selon Xavier, iels arrivent un peu trop « naïfs.ves » avec leur concept et leur état d’esprit. Après quelques remarques homophobes, iels se sont vite rendus compte qu’il y avait encore du travail à réaliser sur les consciences. « Ce qui me chagrine, c’est qu’en 2018, on a beau amener le mouvement, parfois on voit que le public n’est pas toujours prêt. » La prochaine édition, pour la Pride, initialement prévue à l’Officine 2.0, s’est aussi vue changer de lieu à trois semaines du rendez-vous, suite aux récents soucis de fermeture administrative du Rexy (lieu occupé par l’Officine 2.0 jusqu’à 6h du matin).Un mal pour un bien puisque c’est finalement le Folies Pigalle qui en reprend les rênes ce samedi 30 juin prochain. Un lieu à leur image, au vu du quartier et des airs d’ancien club que l’on peut y retrouver. « C’est un des premiers lieux où je suis sorti à Paris quand j’avais 18 ans, donc ça m’amuse vraiment de devoir organiser un tel événement là-bas. C’est un club avec une jolie scène, parfaite pour le show des drags qui va pouvoir se faire dans de vraies circonstances. En plus de ça, on peut aussi augmenter la capacité d’accueil donc on est super content. Ce n’est pas un lieu forcément queer, mais il y a ce côté un peu « weird et freakshow » de Pigalle. Tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber quand tu vas en soirée là-bas, et ça nous correspond totalement. »

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Un plan B qui tombe à pic pour la house 90’s et remix “kitsch techno” de Whitney Houston par Victoria Lachose. Une volonté de s’ouvrir un peu plus musicalement à la pop et s’adapter au public de la Marche Des Fiertés qui en écoute beaucoup, avec également au programme Tony 2 Soirée et Giulio JuLeeo Tarquini. Sans oublier le très attendu drag show de Gloria GayPierre, Clémence Trü & Victoria Lachose. Et beaucoup, beaucoup de dancefloor dirigé, jusqu’à 7h du matin, par Mika Circle, Ixpé ou encore Mira Ló et Corrine and co. Couleurs et paillettes en prévision.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de l’événement.

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