À Nantes, le virage techno du festival Scopitone 2017 est une réussite sans temps mort

Écrit par Mélanie Vitry
Photo de couverture : ©Scopitone David Gallard
Le 25.09.2017, à 16h37
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©Scopitone David Gallard
Écrit par Mélanie Vitry
Photo de couverture : ©Scopitone David Gallard
Les 22 et 23 septembre dernier, Trax s’est rendu au Scopitone. Ancré dans le paysage artistique nantais depuis plus de 15 ans, le festival consacré aux arts numériques proposait cette année une programmation affûtée, où la techno conceptuelle se mêlait à une house groovy, le tout dans trois lieux différents. On vous raconte deux soirées passées à courir un peu partout pour ne rien louper de ce programme haut en couleur.

La nuit est déjà tombée lorsque nous arrivons sur l’île de Nantes, où se déroulent les soirées électroniques du festival Scopitone. Entre une gigantesque cathédrale de verre et d’acier (les Nefs) et deux salles de spectacle plutôt intimistes (salle Maxi et salle Micro), on comprend dès notre arrivée que le festival cherche à allier concerts de poche et grand-messe musicale. La programmation de cette seizième édition colle parfaitement aux lieux : les gros noms capables d’attirer un vaste public côtoient joyeusement les jeunes artistes indépendants. C’est ainsi qu’on retrouvait cette année Joris Delacroix ou Shlømo aux côtés de Demian Licht ou Kelly Lee Owens. Et il faut avouer que pouvoir assister à un concert de Dopplereffekt dans une salle de 400 places pendant que le bougre de Jeremy Underground fait danser plus de 5 000 personnes à seulement quelques mètres de là est une expérience plutôt agréable.

Vendredi 22 septembre, 22h45. Difficile de savoir par où commencer. Pendant que, dans la salle Maxi, Kelly Lee Owens s’affaire déjà à transporter son public dans un univers froid et psychique, nous nous dirigeons sous les Nefs aka « la boîte », pour un tout autre registre : le DJ set de Floating Points. Le jeune Anglais annonce la couleur avec « Just As I Am » de la chanteuse de gospel Yolanda Adams. Un set placé sous le signe de la house, du disco, de la soul mais aussi de la longévité, puisqu’une heure plus tard, nous n’avons pas vu le temps passer et nous devons nous dépêcher de filer vers la salle Micro pour ne pas louper le début du live de Not Waving. Aux frontières de la techno industrielle et du punk, le set de l’Italien ne nous laisse pas de marbre. Violent, sale et – étonnamment – dansant sont quelques adjectifs pour qualifier ce set à la fois passionnant et épuisant, qui oscille constamment entre rythmes EBM et fracas mécaniques, le tout sur fond de visuels sexy et glitchés, représentant une jeune femme léchant une bouteille de lait. 40 minutes plus tard, nous filons vers la salle Maxi, pour entendre ce que nous propose le trio allemand Fjaak. Un ovni musical, à la croisée des chemins entre techno froide et fun. Entre synthés, drums et samplers, on retrouve un petit côté Bicep plutôt plaisant. Pas le temps de traîner, puisque seulement 20 minutes se sont écoulées et c’est déjà au tour de Simo Cell d’entrer en piste dans la salle Micro. Organique, c’est sûrement le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsque le jeune Nantais de Livity Sound entame son DJ set. Des percussions énergiques, distordues, parfois presque exotiques, qui se mêlent à des nappes lancinantes et entêtantes. Epuisés de courir sur les 10 000 m ² de terrain de jeu que propose le Scopitone, nous décidons de nous laisser porter par la fin de soirée. C’est donc tout en douceur que nous nous abandonnons sur les mélodies touchantes du live de Recondite. Un set introspectif et une atmosphère sombre, parfaite pour terminer la nuit.
Not Waving à Scopitone © David Gallard

Samedi 23 septembre, 22h30. Nous nous remettons à peine de notre première soirée qu’il est déjà temps de se remettre en selle. Plutôt que Maison Acid, nous décidons d’aller jeter un coup d’oeil du côté de Weval. Le duo néerlandais distille une musique mélancolique, où se mélangent synthés et voix languissantes. Malgré des percussions live qui apportent une réelle authenticité à la prestation et de jolis jeux de lumière, le set reste plat et ne nous convainc pas vraiment. On aurait peut-être mieux fait de participer au fameux « ping pong acid club » de Maison Acid. Tant pis. Direction la salle Micro pour la très attendue Demian Licht (qui, malheureusement, joue en même temps que la géniale Avalon Emerson). Aucune déception de ce côté-là. Un set underground, incisif, voir frénétique, rappelant quelque peu les productions de Robert Hood. Tout un univers, à la croisée des chemins entre un film d’horreur des années 60 (oui, on pense à Hitchcock) et une grosse claque techno ultra moderne. Complètement remis d’aplomb par ce superbe set, nous attendons avec impatience le début de celui de Dopplereffekt. Et encore une fois, nous ne sommes pas déçus. Le duo ne faillit pas à sa réputation de légende et nous embarque dans un set robotique, industriel et mécanique. On ressent indéniablement, dans la musique de Dopplerffekt, l’influence de la science (fiction) si chère au coeur de Gerald Donald, créateur du groupe. Vêtus de masques blancs, les deux artistes se font face et enchaînent les tracks progressifs sur fond de visuels géométriques. Une trentaine de minutes avant la fin, nous décidons de switcher de salle pour aller voir le tout aussi légendaire Pantha du Prince. Nous quittons la salle une vingtaine de minutes plus tard – étonnamment -, très peu emballés par la performance de l’Allemand. Un début de set classique et quelque peu monotone qui aura eu raison de notre fatigue marathonienne du week-end.


Dopplereffekt à Scopitone par David Gallard
Dopplereffekt à Scopitone © David Gallard

Bien que nous n’ayons pas été séduits par la totalité des performances de cette année, il faut bien avouer qu’une fois de plus, le festival Scopitone aura tenté d’innover, et de proposer au public nantais une programmation complète et éclectique, dans des lieux tout aussi divers et variés. Un pari remporté.

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