« On a fonctionné par compensation, explique Yannis Nanguet, alias Boogz Brown. On a essayé de composer ensemble et séparément, il n’y avait pas de règles. Finalement, on a réussi à trouver une espace de croisement entre nos styles. » Depuis l’île de La Réunion, dans le studio où il tient une résidence depuis le 20 avril avec Cubenx, il compose un set d’1h30. Alors que son collègue retient son attention sur une guitare, il développe : « On ne savait pas ce que ça allait donner, mais j’ai beaucoup appris. Je n’ai pas une grande expérience du live, César (Cubenx, NDLR) m’a bien drivé là-dessus. » Pourtant, même si un rendez-vous à Paris en mars avait permis aux musiciens de se rencontrer, leur collaboration n’aura pas été évidente. A priori, la techno alternative de Cubenx n’a pas de corrélation avec l’électro tribale de Boogz Brown. Leur travail diffère, tant dans leur production que dans leur promotion, le premier étant membre de l’écurie InFiné, le second ne publiant sa musique que sur SoundCloud.
Cette rencontre d’univers techno et afro est l’aboutissement d’un projet auquel le président des Électropicales, Thomas Bordese, a tenu à cœur. Alexandre Cazac, cofondateur du label InFiné à qui le festival avait donné carte blanche sur la programmation l’année dernière, nous explique : « La Réunion est une terre de rencontres musicales, et c’est cette culture que le festival cherche à exploiter. Ici, le dénominateur commun, c’est le psychédélisme. » L’objectif, pour les artistes, est de proposer de nouvelles choses pour éduquer au mélange. Si l’idée est paradoxale, elle transmet des valeurs chères aux artistes et au festival. Une démarche d’autant plus enthousiasmante lorsque Cubenx explique que, malgré un contexte différent, La Réunion lui rappelle son Mexique natal.
Les deux sont unanimes : malgré leurs divergences artistiques, ils ont la même sensibilité, ce qui leur a permis de « s’entendre musicalement ». « Il y a même des choses en commun, intervient le Mexicain. J’ai trouvé une forme de psychédélisme dans les morceaux de Yannis, surtout dans le rythme qu’il adopte. Alors ça a été l’opportunité pour moi de sortir de la rythmique techno, qui est très mathématique, très cadrée. »
De son côté, Alexandre Cazac les épaule. Pour lui, cette collaboration mériterait même d’être éditée. Depuis leur studio, les deux compères s’imaginent déjà partager leur production. L’initiative s’inscrit dans la volonté du festival de faire collaborer des artistes d’ici et d’ailleurs, dont la culture unique se retrouve dans la musique. Sous leur nom de scène, Boogz Brown et Cubenx disent ne pas avoir encore fini de préparer leur set, qui sera présenté ce vendredi 4 mai dans le cadre des Électropicales.
Pour plus d’informations sur l’évènement, rendez-vous sur le site du festival Électropicales.