Comment se fait-il que Barbi(e)turix, collectif parisien incontournable de la nuit lesbienne et queer qui fait danser la France depuis 10 ans, ne sorte qu’aujourd’hui sa toute première compil’ ? Réponse de RAG, en charge de la direction artistique et DJ : « Bah parce que cest pas notre métier ». Tout simplement. Alors c’est quoi, Barbi(e)turix, à la base ? Un fanzine à la pointe de l’actu, un site web bien fourni et des soirées régulièrement immortalisées par la talentueuse photographe Marie Rouge. Si ce n’est en tout cas pas (encore ?) un label, Vale Poher, GONTHIER et RAG ont décidé de rendre hommage à 10 ans de programmation léchée dans une compilation de 18 tracks avec une idée en tête : « donner de la visibilité aux artistes meuf et queer ».
Liberté, égalité, sororité
C’est cela que raconte ainsi la première compilation d’un collectif qui ressent un grand besoin de sororité : « Les femmes ne sont pas assez visibles dans la musique, elles n’ont pas les mêmes accès, pas la même chance que les hommes, » déplore RAG. « Eux, ils n’ont pas le besoin de faire leur place, il l’ont déjà. Mais chez les femmes, pour faire sa place, il faut être plus forte, plus maligne… Donc on va se piquer entre nous. Mais depuis quelques années, j’ai la sensation que quelque chose nous a toutes rapprochées de façon générale, pas seulement dans l’industrie de la musique. Une parole se libère en ce moment. J’admet que c’est un sujet qui est récurrent. Mais si on en parle autant, c’est que le problème n’est pas réglé. »
Les planètes alignées
Mais alors, qui retrouve-t-on dans cette compilation résolument sororale ? « Hyphen Hyphen, Jeanne Added, Flavien Berger, Rebecca Warrior… On voulait mélanger des gens qui sont déjà connus, qui n’ont plus besoin de nous mais qu’on suit depuis le début. Mais aussi, on voulait donner un tremplin à des étoiles montantes brillantes, telles que Calling Marian, Regina Demina, Sônge ou encore Mila Dietrich… » Des artistes que Barbi(e)turix a vues naître sur des dancefloors engagés. Mais RAG concède : « À la base, j’étais pas chaude. Je suis pas productrice, je connais pas trop les galères liées à ça. Je me suis dit que ça allait être chiant à faire. » Puis la compilation se sera montée en un été avec l’aide de Kuroneko, un Label Services qui aide les artistes dans la production et la distribution de leur projet : « Vale Poher nous a aidé à faire rouler le truc. Avec Gonthier qui avait l’idée depuis déjà un an, on s’est motivées. On avait déjà tout de prêt. Les morceaux étaient faits, le dossier était monté, les artistes nous avaient toutes répondu tout de suite. Du coup, avec Kuroneko, ça s’est conclu en une après-midi. Ça fait trop plaisir, quoi. Ça nous donne envie d’en faire une seconde. Et ce qui est fort, c’est qu’elles n’ont pas fait ça pour le peu d’argent qu’elles vont gagner. C’est pour le message sain qu’on défend. »

Un message sain qui se célèbrera samedi 19 octobre lors d’une release party à la Station-Gare des Mines. 5 lives et 5 DJ’s sets se succèderont tandis que des CD’s seront à la ventes sur place. Et pour ceux qui ont prévu de se rendre au Marché des Labels Indépendants ce samedi 5 octobre, les meufs de BBX squatteront le stand d’Infiné à la Halle des Blancs Manteaux.