« Collée au riddim », c’est ce qu’on peut lire au sujet de Mystique. Basée à Marseille, la DJ se passionne pour la culture sound system des diasporas latines, afro-caribéennes et arabes à travers le monde. Spécialisée dans les musiques populaires de l’hémisphère sud, ses sets cadencés sont le fruit d’une véritable maîtrise de son sujet et d’une conscience politique forte. « Elle défend les cultures qu’elle aime, et elle le fait bien. », décrit Luis, programmateur chez Rinse France, au sujet de la résidence que l’artiste y occupe deux fois par mois. « On le ressent autant dans ses sélections, que dans le choix des invités qu’elle peut proposer. »
Aujourd’hui, Mystique livre pour Trax un mix irrésistible, qui mêle dancehall, bubbling et afro-house avec une hybridité et une énergie démente. Par ailleurs, elle se confie sur sa démarche et son projet “Murda on he Dancefloor”, travail d’archivage des musiques populaires qu’elle entreprend notamment via ses émissions chez Rinse.
Avant tout, comment ça va aujourd’hui et comment s’est passé ton été?
Salut Trax ! ça va super, merci pour l’invitation. La saison a été très chouette. Riche en rencontres et en opportunités.
Tu peux nous parler de ce mix que tu as fait pour nous?
J’ai voulu travailler autour du Dancehall jamaïcain et de ses formes plus électroniques, notamment celle reliée à la culture Flex* de Brooklyn. Tu pourras aussi entendre des instrus d’Afro-House angolaise et d’Urban Kiz francophone, quelques riddims hybrides et morceaux Bubbling des Dutch West Indies.
*Flex (ou Bone breaking) : Danse inspirée du Bruk-Up, qui s’est vu évoluer au cœur des communautés caribéennes de Brooklyn durant les années 2000. Des riddims dancehall originaux sur lesquels s’affrontaient les danseur.ses, est née la Flex Dance Music. Elle se construit autour du “Volume riddim” de Ward 21 & Lloyd ‘King Jammy’ James auquel s’ajoutent des 808 et des acapellas de ragga ou de trap saccadés. [source]
Dans quelles conditions a-t-il été enregistré ?
Mmmmh… Très modestement au milieu de mon salon, un soir de semaine, entre tous mes livres, mes CDs et mes cassettes (comme à chaque fois haha).
Je me consacre à la musique sur mon temps libre. Pour le reste de mes journées, je travaille dans les quartiers nords de Marseille avec des jeunes, des moins jeunes et des personnes écartées du système scolaire. Je fais de la médiation autour du numérique et suis en train de monter un Fab-Lab. En ce moment on se consacre pas mal aux logiciels de MAO, j’ai quelques DJs et rappeur.ses en herbe très motivée.s !
Pour ceux qui te découvrent aujourd’hui, comment décrirais-tu ton univers et le(s) style(s) de musique que tu joues?
Je n’ai pas d’univers à proprement parler mais j’aime à travailler autour de la musique populaire et de sa place dans l’espace social. Je m’intéresse plus spécifiquement aux pratiques nées des communautés arabes, latino-américaines et afro-caraibéennes.
Forte de mon bagage multiculturel, je suis très attachée aux représentations qui se construisent via le son et sa diffusion. C’est une forme d’expression qui permet de mieux appréhender sa propre identité et de se construire une connaissance ouverte sur les groupes avec qui nous sommes en interaction. Elle permet aussi et surtout de se retrouver. Mes sets peuvent vraiment varier d’une soirée à l’autre, mais la dynamique est toujours la même.
Tu peux nous parler de ton projet “Murda on the Dancefloor”, ton travail d’archivage des musiques populaires et sa retranscription radio via ta mensuelle sur Rinse France?
Mon travail via “Murda on the dancefloor” se destine spécifiquement à la valorisation du patrimoine musical et de l’histoire de ses auteur.rices. Il est important de comprendre comment et pourquoi la musique naît, se déplace et se transforme.
J’ai démarré cette résidence bi-mensuelle sur Rinse il y a tout juste un an, dans l’idée de pouvoir accompagner les auditeurs-trices à la découverte. Sur ma première émission, je fais des sets dédiés. Sur l’autre, j’invite des DJs, producteurs.trices ou chanteurs.es à se produire, j’essaie au mieux de soutenir les artistes émergent.e.s.
Afin de mieux porter mon propos, j’essaie de mettre en avant les ressources documentaires et informatives que je compile maintenant depuis de nombreuses années. J’ai eu la chance cet été de pouvoir organiser des premiers événements IRL et cycles de projections autour de l’émergence du Reggaeton à Porto Rico et du Mahraganat égyptien.
As-tu envie de t’essayer à la production un jour?
Dans l’immédiat non, mais pourquoi pas !
Pour l’instant, je vise plutôt à faire de la curation de projets, continuer la programmation avec je l’espère, un jour plus de moyens et organiser des cycles d’études ou de discussion autour de la musique.
Où pourra-t-on te voir jouer cet automne ?
Je serai fin du mois de septembre au Razzmatazz à Barcelone avec l’équipe Muevelo x Jet Lag. Ensuite en octobre du côté de Genève, pour un des événements Dancehall Fusion de Bony Fly à la Gravière.
Sur Marseille, vous pourrez me retrouver avec Guerre Maladie Famine, dans le cadre de notre série de soirées STYX chez Métaphore Collectif. Rendez-vous le 22 octobre avec Camélia, Ecstasya et Miss Sheitana.
Sinon, encore et toujours présente sur les ondes de Rinse France. À bientôt ! <3
Tracklist
- HITMAKERCHINX – Regg Boom
- DJ DREEKS – Kizoraxxa Apocalypse Rmx
- ALKALINE – One Inna Dem Head
- DJ VIELO – Koh Lanta
- TEEJAY – Dem Naah Kill Nobody
- DJAARON “THE MIXX KING” – MayDay, Pt. 1
- DAVINCII PRODUCTIONS – Jasmine
- KALIBWOY – Soprano
- HITMAKERCHINX – Virus
- AKIF SARIKAYA – Anlatabiliyor Muyum Baba
- GOD FULL EFFECT – Come Back In
- YOKAI THE DEITY (feat. UNINAMISE ET DAVINCII PRODUCTIONS) – 28Low Life
- FALLOW & GRIZ-O – Don’t Give Up Instrumental
- AIDONIA – BaAD!
- STACKTRACE – Wicked Sitar
- DJ BI-ONE & DJ GHOST FACE – This is Sparta
- MANDELA (feat. KALIBWOY) – Cyaan Do Me Nothing
- HEARTBEATS PRO – Touch
- ENMERIS – Mi Ta Golos Golos
- ARMAĞAN ORUÇ – Dancia
- RHYME MINISTER & MAVADO – Kill And Get Weh
- JAY LIMA – Hybride