À Caen, le festival Nördik Impakt mixe bon esprit et toute puissance

Écrit par Germain Calsou
Le 09.11.2016, à 17h03
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Écrit par Germain Calsou
Du 19 au 20 octobre dernier, à l’heure où les jours raccourcissent, Caen hébergeait pour la 18ème année consécutive un festival aussi précis et efficace que son nom : Nördik Impakt. Et s’il a l’avantage de tomber pile au milieu d’un désert de festivité (sauf pour les petits chanceux qui partent à l’Amsterdam Dance Event ou au Club 2 Club Festival de Turin), c’est aussi l’un des rares line-up de la rentrée capable de mettre du soleil dans les prémisses de l’hiver. Difficile donc de ne pas céder à l’appel des feux du Nördik dans le noir des nuits qui s’allongent.

Caen, et c’est pourtant un soleil radieux qui nous accueille le samedi à la sortie du train. Et rien, derrière les reflets rieurs qui parsèment la surface de l’Orne au bord duquel est situé notre hôtel, ne laisse deviner ce qui nous attend ce soir : un line-up en béton armé. Si nous sommes tristes d’avoir raté les premiers jours d’un programme qu’on avait pourtant épluché avec amour, les festivités du soir nous redonnent le sourire.

Au menu, un défilé ininterrompu sur le Hall of fame (la mainstage qui porte bien son nom) de célébrités de la scène techno allemande : Ben Klock, Marek Hemmann, Dixon, Boris Brejcha.

© Josselin Didou
©Josselin Didou

Les petits groupes de festivaliers que l’on croise aux abords du Parc des Expos vers midi – qui pourrait dire s’ils viennent de se réveiller ou s’ils commence l’apéro ? – nous rappellent que l’on a raté une semaine bien remplie : Suuns, Möd3rn, Sam Paganini, Vandal, Mr Oizo, Angerfist, Popof et on en passe…

© Grégory Forestier

Une ballade en ville (pour aller voir le Marseillais French 79 et son live électrisant aux nouvelles Galeries Lafayette) démontre que toute la ville bat sous les coups du Nördik. En effet, non content de remplir le Parc des Expositions le vendredi et samedi, l’équipe de Arts Attack !, à l’origine de l’événement, peut se vanter de mobiliser tous les lieux exploitables de Caen. Du Cargö à l’université en allant jusqu’aux apparts (les concerts du jeudi ont lieux dans des appartements, oui).

On comprend mieux les petites cernes qu’on croise au dessus des sourires sur la terrasse du bar où l’on se pose boire la première d’une belle série de bières. Et c’est avec frénésie que la ville s’est jetée dans ce dernier soir comme en apothéose.

© Grégory Forestier

Du côté germanique

Impossible de décrocher du devant de la grande scène. Déjà pour le son, impressionnant de précision dans cette salle aussi grande qu’une cathédrale. Mais aussi pour sa scénographie et son light show grandiose qui accompagne cette techno germanique.

© Grégory Forestier

C’est Marek Hemmann et le DJ numéro 1 du top Resident Advisor Dixon qui donnent son élan au grand nom de la minimale Boris Brejcha. Son set contient des morceaux qui ont tous le même secret : des rythmiques précises et cadencées que soutiennent de grandes vagues harmoniques, dont le flux et le reflux font lever la véritable marée humaine de la salle immense.

Autant dire que Ben Klock, en grand habitué de ces grands espaces, a su mener sa barque d’une main de fer jusqu’à l’aube pourtant tardive.

Techno, drum’n’bass et licornes

Dans la salle d’à côté, French 79 appelle aux grandes envolées de synthétiseurs façon Moderat. Un voyage planant et mélancolique qui prépare le terrain pour les choses sérieuses à venir, comme le DJ set bien techno d’Ellen Allien qui sait faire mal là où ça fait du bien.

© Josselin Didou
©Josselin Didou

Après une transition parfaitement assurée (comme dans un petit club intimiste entre deux copines qui se partagent la nuit), c’est la cofondatrice du label RAAR (avec Maelstrom) Louisahhh qui achèvera de mettre tout le monde d’accord avec sa techno industrielle. Plus intime, le Wonder hall a su satisfaire les oreilles à la recherche de douces violences et de techno pointue. Petit bonus : la décoration avec des beaux luminaires géométriques donnait vraiment l’impression d’être dans d’un club éphémère.

Il nous faut enfin mentionner le Hall of death, car c’est bien là, au milieu de la foule électrisée par la voix de MC Tonn Piper posée sur la chaude drum’n’bass d’Andy C, que l’on a pu croiser le plus de déguisements de licornes et de sourires. On a même découvert la face pisto de Nicolas Sarkozy.

© Grégory Forestier

Mais tout a une fin. On n’oubliera pas les stands de pizzas salvatrices, la bonne ambiance générale du public ou le soin du détail de l’organisation… Caen, on reviendra l’année prochaine.

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