« Je n’avais plus envie d’aller en club, ce n’était plus ce que je recherchais. Mais en même temps, j’avais envie de sortir et d’écouter de la bonne musique. » Guillaume Taillieu a connu une vie nocturne mouvementée, étant tenancier de bars à Londres pendant cinq ans. Là-bas, il découvre le Spiritland, célèbre café audiophile de la ville, ainsi que quelques endroits similaires. Inspiré et de retour à Bordeaux, il décide lui aussi de mettre le couvert pour les puristes de la musique, avec une qualité d’écoute exceptionnelle. Avec son ami Philippe Bonnet, il lance le Café Mancuso, en hommage à David Mancuso, pionnier du disco et de la house new-yorkaise, « fou d’audiophilie, grand collectionneur de musique et selector très pointilleux », décédé en 2016.
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Ici, pas de dancefloor, tout le monde est à table. Des selectors et collectionneurs de vinyles viennent jouer – principalement le week-end – des morceaux toujours très pointus. « Ça peut être du hip-hop old school, de la bossa-nova, du jazz, du disco, du funk, du reggae… On est ouvert à tout. Côté électronique, on va plus aller chercher du côté de l’expérimental et ce genre de choses, pas de techno ou de minimal. »

Niveau programmation, Guillaume et Philippe comptent faire venir des DJ’s locaux, mais aussi d’un peu partout en Europe, à l’occasion de leur passage dans la ville. Le but est d’inviter un artiste différent à chaque soirée, et en cas d’absence de selectors, c’est le staff qui prend les platines. « On enregistre aussi tous les sets qui sont faits, ça nous donne une base de données à repasser de temps en temps. Au fur et à mesure, on les rend disponibles sur Mixcloud ».
Pour ce projet, ils se sont armés d’enceintes Tannoy 15, faites à la main en Angleterre, qui fonctionnent avec des amplis 3D Lab, faits à la main aussi. « On recherche vraiment une qualité musicale irréprochable. On a choisi du numérique parce que c’est ce qu’il y a de plus transparent – les amplis à lampes c’est bien, mais ça va venir colorer le son, alors que notre but, c’est vraiment d’en avoir un qui soit le plus net possible. Comme si les musiciens l’avaient enregistré en studio. Et le numérique ne chauffe pas, ce qui est plutôt pratique pour un système son qui va rester constamment allumé. »
Dans la même salle que le restaurant, un disquaire permettra aussi de chiner entre le plat et le dessert. « Ce sont Théo et Clyde de chez oto disques qui gèrent les bacs du Mancuso. Ils vont proposer des secondes mains, des reissues et des nouveautés également. On est parti sur 1 000 à 2 000 disques, pour commencer. L’idée c’est que le mec qui veut venir digger, il passe par-là, il prend un café ou une bière et il fait son petit shopping. » Le tout situé au-dessus d’un sous-sol privatisable de 95 m², dédié à l’organisation d’événements, avec présence d’une table de ping-pong et de canapés.

Discret, le Mancuso communique peu sur les événements, hormis via Facebook où l’équipe annonce chaque semaine les “listening sessions”. Pour se faire connaître, les deux compères comptent principalement sur le bouche à oreille, et leur page Facebook, favorisant le côté intimiste du café pour laisser la musique au centre de l’attention.