A Bordeaux, la justice donne raison à l’I.Boat

Écrit par Théodore Hervieux
Le 10.03.2016, à 15h34
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Écrit par Théodore Hervieux
Deux ans après la fermeture administrative qu’avait subie la péniche bordelaise en plein été, la justice vient de lui donner raison. Non, il n’y avait pas lieu d’émettre un arrêté préfectoral, un simple avertissement aurait suffi. Entretien avec Benoit Guérinault, directeur artistique du club.


C’est un soulagement pour l’I.Boat. La célèbre péniche réhabilitée en club vient d’obtenir de la justice bordelaise une annulation de l’arrêté préfectoral qui l’avait obligé à fermer ses portes trente jours durant, en plein coeur de l’été. C’était il y a un peu moins de deux ans, le 7 juillet 2014. “Ça a été la douche froide”, raconte Benoit Guérinault, le directeur artistique du bateau, au téléphone.

“Quand on a appris au début que la préfecture voulait nous fermer six mois, puis ensuite un mois, on a d’abord pensé que cette décision allait tomber à l’eau et que nous passerions au travers. Mais non. Pendant un mois, on a dû délocaliser toute la programmation dans des lieux “amis”. Beaucoup des projets annexes que nous organisons généralement en été, comme des expos, de la danse ou encore des séances de roller sur la terrasse, ont été annulées. Ça a été extrêmement laborieux pour remettre le bateau à flots financièrement parlant.”


Benoit Guérinault aux côtés de Corinne Bauer, l’une des gérante de l’I.Boat, en juillet 2014 (©Walid Salem)

Depuis, la justice administrative a estimé que l’arrêté pris par le préfet de l’époque Michel Delpuech “est entaché d’une erreur de droit” et l’a donc annulé, rapporte le quotidien Sud-Ouest. Le haut fonctionnaire avait jugé que “des faits délictueux contrevenants à la loi” avaient été commis, faisant référence à un trafic de stupéfiants impliquant deux anciens collaborateurs de l’I.Boat. Or, selon Me Christian Blazy, avocat de la direction de la péniche, “l’I.Boat aurait dû avoir un simple avertissement”, précisant que le club “n’a jamais été mis en cause dans l’instruction pénale”, et réaffirmant “l’extrême vigilance” dont l’équipe de sécurité fait preuve en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants.

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Concernant cette décision, Benoit Guérinault “n’y croyait plus”. “On est ravi que ça ait pu se retourner. Cette histoire avait créé un doute autour de nous. On travaille avec la mairie de Bordeaux, avec des écoles aussi, alors forcément plus personne ne nous regarde pareil. Ni les directeurs d’universités, ni les parents, c’est dur.”

Mais il reste amer : “On bataillle depuis quatre ans pour faire comprendre que musique électronique ne rime pas forcément avec alcool et produits stupéfiants. Dans les années 50, c’était pareil avec le rock. Sur ce point là, les mentalités n’ont pas tellement évolué.” Et d’ajouter : “On est tous issus de projets qui n’ont rien à voir avec cette ambiance.”

Aujourd’hui, Benoit Guérinault affiche un optimisme nouveau. “Cette décision va grandement nous aider, on a bien fait de ne pas lâcher l’affaire. On lance en mai notre premier festival Hors-Bord, à quelques centaines de mètres du bateau (deux scènes, 5000m² de terrain), avec une programmation qui va de Max Graef à Pantha du Prince en passant par Jeremy Undeground. On pensait ne jamais pouvoir refaire d’aussi gros événements.”

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L’équipe dirigeante ne perd pas non plus de vue l’ouverture prochaine du Razzle à Lyon, une autre péniche basée sur le même principe qui vient grossir les rangs de la société détentrice de l’I.Boat, également à la tête du Batofar à Paris. “Des projets tournants sont prévus entre les trois bateaux”, annonce Benoit Guérinault.

En fin de compte, les gérants de l’I.Boat considèrent avoir perdu 120.000 euros dans cette affaire, “un préjudice moral et financier qui doit être aujourd’hui réparé” estime Me Christian Blazy, leur avocat. “On va demander des dédommagements”, confirme Benoit Guéridault, sans préciser la forme que prendra cette demande.

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