À Amsterdam, les festivals en plein air menacés par un nouveau décret anti-bruit

Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Kingsland Festival Amsterdam
Le 24.08.2017, à 12h11
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©Kingsland Festival Amsterdam
Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Kingsland Festival Amsterdam
La Ville d’Amsterdam déclare la guerre aux décibels. Un décret passé en juillet dernier par le conseil municipal prévoit de limiter drastiquement le volume des événements musicaux en plein air, et risque d’impacter particulièrement les festivals électroniques.

85 dB, c’est la nouvelle limite sonore désormais imposée aux festivals se tenant à proximité de zones résidentielles. Il s’agit là du volume maximal constaté au niveau des premières habitations à proximité du festival ; une baisse de 15 décibels par rapport à la limitation antérieure de 100 dB. Alors qu’en France, le récent abaissement de 105 à 102 dB (à la sortie des enceintes, cette fois) pour les festivals et les discothèques fait déjà polémique, cette nouvelle norme risque d’impacter à son tour la scène musicale locale.

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L’intention est louable : protéger l’audition des résidents de la ville. À l’exception d’une vingtaine de zones très populaires (Zuidaas, le quartier des musées, Westpoort) qui ne sont pas concernées, ce nouveau cap de 85 dB ne pourra être dépassé que 3 jours par an, où pourront se tenir par exemple de gros festivals de musique.
Mais pour Wim Franke, promoteur de l’agence World of Bookings, les événements musicaux pourraient tout simplement “disparaître des rues” d’Amsterdam. Car cette limite serait trop basse, au point où la musique pourrait être noyée dans la rumeur du public. C’est ce qu’avance un article du site local GrootSneek, qui revenait début août sur des concerts s’étant déroulés avec la même limite de 85 dB dans la ville de Sneek. “Lorsque le son produit par le public dépasse celui de la musique du groupe, c’est que quelque chose cloche”, écrit son auteur.

Doit-on s’attendre à un écrémage des événements en plein air, ou à une limitation drastique de leur jauge? La tendance des boutique festivals, ces événements atypiques en petit comité, pourrait bien se renforcer sous l’effet de cette nouvelle mesure. À moins que les événements ne se concentrent tous sur les 3 jours autorisés, comme une fête de la musique prolongée… Avec tous les (nouveaux) désagréments que cela pourrait causer pour les riverains.

Si tous les événements musicaux sont visés par cette mesure, un point concerne particulièrement les festivals électroniques : l’interdiction des flown subwoofers, les enceintes destinées à restituer les basses fréquences, essentielles à la dance music, au public entier. Ces enceintes sont complémentaires des subwoofers au sol, qui garantissent la sensation “physique” des basses, mais manquent de portée et ne s’apprécient qu’aux premiers rangs.

Les festivals phare de la ville, comme le Dekmantel ou le DGTL, qui se tiennent respectivement en pleine forêt et sur les docks, ne devraient pas être inquiétés. Il pourrait en être autrement de la myriade d’événements prévus durant l’Amsterdam Dance Event (ADE), l’un des plus grands rassemblements électroniques au monde, dont l’édition 2016 avait vu 2 200 artistes se produire dans 140 lieux de la ville. La prochaine édition, qui se tiendra du 18 au 22 octobre prochain, servira certainement de baromètre à l’efficacité ou à l’incommodité de ces nouvelles mesures.

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