1H de deep house pour se laisser flotter par le plus smooth des DJ’s berlinois, Iron Curtis

Écrit par Clarisse Prevost
Photo de couverture : ©Kai Von Kotze
Le 07.08.2018, à 17h10
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©Kai Von Kotze
Écrit par Clarisse Prevost
Photo de couverture : ©Kai Von Kotze
Basé à Berlin, Iron Curtis alias Johannes Paluka sort en 2012 son premier album Soft Wide Waist Band chez Mirau, qui ne se revendique d’aucun genre. 2018 verra la release de Upstream Color sur le label de Ripperton, Tamed Musiq. La première track, « Lucent » ne facilite pas l’équation : elle est étiquetée « house not house ». Mais alors, à quoi ressemble vraiment la musique de cet énigmatique producteur, membre de trois duos entre acid techno et deep house (Achterbahn D’Amour avec Jool alias Edit Piafra, Moon avec Johannes Albert et SMPL avec Leaves alias Liam Schewski) ? La réponse dans son podcast exclusif pour Trax.

Ce qui fait figure de fil conducteur entre tous ses projets, c’est cette couleur mélancolique soulful : « Ça transmet tout ce que j’aime concernant la house abyssale et hypnotique accompagnée de lignes de basses roulantes ». En début, en milieu ou en fin de soirée, sa musique est adéquate. 


« J’accepte enfin le fait d’être du genre mélancolique et je ne suis plus timide à l’idée de l’exprimer », car il ne s’agit pas là d’une tare mais d’une qualité que nombreux artistes possèdent car elle est associée à la tristesse, une étiquette que James Blake notamment dénonce. Iron Curtis a décidé d’assumer cette énergie qu’il s’approprie et rend paradoxalement festive.

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Le résultat est lounge et raffiné. On aurait qualifié son podcast de « nocturne » avant d’en avoir écouté la deuxième moitié. Et pourtant son set s’avère lumineux et joyeux, appuyé sur des beats très rythmés, frénétiques. Les tracks choisis sont poétiques et mélodieux. L’imaginaire lié est merveilleux, idéal pour la B.O d’une oeuvre de science-fiction. La track « Changes » de John Heckle nous guide dans une ambiance rétro-futuriste. On pourrait appeler ça du « sci fi dansant ».

Ses transitions sont ficelées. Pour cause, il laisse le temps à son auditeur d’apprécier chaque track, lui laissant le temps de fusionner avec la suivante : « J’aime les longues transitions et le mélange de deux tracks et lorsque leurs éléments sont en adéquation, cela me rend extrêmement heureux et enjoué ». Il y a des vapeurs pop psychédéliques à la Caribou. Iron Curtis parvient à emmener l’auditeur dans les contrées de sa psyché mélancolique, sensible à la beauté des émotions existentielles tout en le faisant danser. D’ailleurs, plus on avance et plus ça danse. Des sonorités africaines se font entendre tout comme la difficulté de l’obstacle, palpable dans la musique et mise en exergue par les sonorités amazoniennes de « Flight out of time » par Escape Artist.

L’artiste est un overthinker. Il s’inquiète de la réaction du public qui, l’observant mixer, risque de noter une divergence par rapport à ses productions : « Sont-ils surpris que je joue autre chose que de la deep house ? Sont-ils déçus ? Souhaitent-ils récupérer leur argent ? L’origine de cette pensée pourrait traduire un certain et dissimulé manque de confiance en moi ou l’on pourrait définir ça comme le combat typique d’un artiste, ou simplement je pense outrance ». Et malgré tout, il est très fort pour faire turnup grâce à son goût pour les broken beats oniriques aux accents UK qui rappelle SBTRKT, ici avec Youandewan sur « Insel 2000 », ou encore Shlomi Aber avec « Common Dominator ».



Il jouera aux clubs Watergate et Renate de Berlin les 22 et 25 août prochains et mixera dans la foulée pour la release party de son album, Upstream Color, qui sortira le 24 septembre 2018.

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