Une exclamation que la team d’Astropolis ne pensait même pas dire un jour, pouvions-nous lire sur le site du collectif de vidéastes Sourdoreille. Et pourtant, 2014 est bien arrivé, et Astro aussi. Cette année, le plus vieux festival de musique électronique de France fête ses 21 ans, à Brest, entre les murs du Manoir de Keroual, toujours organisé par son équipe de fous maintenant légendaire. À cette occasion qu’il ne va pas falloir rater du 3 au 5 juillet prochain, Gildas Rioualen, l’une des deux têtes pensantes de ce rêve devenu réalité (avec Matthieu Guerre-Berthelot), nous ramène dans le temps avec une playlist commentée de 10 tracks, 10 morceaux de vie, celle d’un festival de 1995 qui rave encore éveillé. Et en image s’il-vous-plait.
- World To World – Amazon [Underground Resistance 20] – 1992
LA Base — Mad Mike et Jeff Mills créent l’Hymne techno sur leur label Underground Resistance. Militantisme, émotions, Détroit.. Ce morceau me donne encore des frissons. Pendant de nombreuses années, il aura clôturé Astropolis. Ce sont ces moments qui nous motivent à poursuivre l’aventure, cette sensation de communion, de liberté, de folie indescriptible qu’on peut ressentir grâce à un track placé au bon moment, au bon endroit, où le temps n’existe plus.
- Manu Le Malin – Black Day [Industrial Strengt 11] – 1995
C’est l’année de la première Astropolis. Trois chapiteaux, on joue au chat et à la souris avec la gendarmerie, les douanes… 1200 happy ravers en mode zinzin… Manu sortait ce premier maxi sur le label du maestro hardcore Lenny Dee, NYC. Un track qu’il aura composé avec Thomas Bangalter qui signait à l’époque sous le pseudo “Daft Ponk”.
- Gilb’R – Pressure (Laurent Garnier Mix) [Versatile 5] – 1997
Cette année là, Laurent retournait la Salle des Gardes du Château de Kériolet. Un set inoubliable. Les gargouilles s’en rappellent. L’année suivante, il venait présenter dans la Cour du château son premier live en France. Pressure… Pressure…
Laurent Garnier, en DJ set dans la salle des Gardes, en 1998
Laurent Garnier, en live en 1998
- Plastikman – Spastik [Novamute] – 1997
TeKno. Ce disque a aujourd’hui presque 20 ans et il n’a pas pris une seule ride. C’était l’année où on accueillait pour la première fois Richie Hawtin à Astropolis, dans la Cour du château de Kériolet. Très peu de gens le connaissaient encore à l’époque. Lunettes de jeune premier de la classe, T-shirt américain Xtra large… Il avait déjà une technique et un son reconnaissable parmi tant d’autres.
- Falling – Twin Peaks Song (Julee Cruise) – 1990
On a découvert Julee Cruise dans la série culte de David Lynch dont nous étions complètement fans, Twin Peaks. L’accueillir dans la salle du Vauban (notre QG) faisait partie de nos rêves. En 2003, le cabaret brestois mettait son rideau rouge en fond de scène, pour un concert inoubliable, accompagné de Khan.
Liza’n’Eliaz dans la Crypte (1997)
- Energy 52 – Cafe Del Mar [Eye Q Records] – 1993
Ce track rappelle l’époque où on se déplaçait dans toute l’Europe pour Raver : Mayday, Universe, Energy, The Tribal Gathering, Teknival… Toutes ces fêtes qui nous ont motivées et permis d’imaginer Astropolis. La naissance d’une nouvelle culture. La quête de la folie et de la fête. En 1993, on organisait déjà pas mal de petites raves dans la région (gîtes, bords de mer, châteaux, forêts…).
- Vainqueur – Lyot (Maurizio Mix) [Maurizio] – 1992
Maurizio incarne l’underground allemand. Nous étions méga fans. Mark Ernestus et Moritz von Oswald ont eu un rôle majeur dans l’histoire de la Tekno allemande. Ils défendaient une TeKno brute proche de l’identité de Détroit alors que la transe (parfois très commerciale) dominait tout le pays, Sven Vath porte parole de ce mouvement avec son label Eye Q Records. Les lives de Maurizio étaient très rares. En 1998, nous accueillions pour la première fois en France le live de Chain Reaction. Fierté.
- Mescalinum United – We Have Arrived [PCP006] – 1990
Le premier disque de hardcore ? Marc Acardipane est une autre légende de l’underground allemand. Il aura créé le royaume Planet Core Production (PCP) et signé une palanquée de morceaux sous les pseudos Rave Creator, The Mover, Alien Christ, Cypher… Toujours dans l’ombre, PCP aura sorti plus de 500 références et cumulé les disques d’or. Grace à Manu, on accueillait la légende en 1998 sur la scène Mékanik.
Chain Reaction @ Astrofloor (1998)
- DBX – Losing Control [Peacefrog] – 1994
Encore un tube qui n’a pas pris une ride — Daniel Bell aka DBX fait parti des artistes discrets de la Motor City. Précurseur de la techno minimale, on aura attendu presque 15 ans avant de pouvoir enfin le recevoir en live et entendre toutes ses pépites sortir directement de ses machines. Un gros big up à notre pote Ti Olive qui a dû foncer dans le centre Bretagne chercher un transformateur prises US/européennes une heure avant l’ouverture des portes.
- Aphex Twin – Xtal [Selected Ambient 85-92] 1992
Ses morceaux nous auront souvent aidé à rejoindre les bras de Morphée les lendemains de rave… Artiste mystérieux et presque intouchable, on aura plusieurs fois essayé de le programmer à cette époque par le biais de Jeff Mills ou encore Lenny Dee avec lesquels il entretenait de très bonnes relations… Mais sans aboutissement… On le regrette encore.